Chiquita / Il était une autre fois – Résidence de Citlali Germé-Trevino

JOURNAL DE BORD

Nourri par le mythe ancestral mexicain du Mictlán qui signifie le royaume des morts (un lieu de transformation), Chiquita / Il était une autre fois est un projet de conte philosophique, chorégraphique et théâtral questionnant les stéréotypes véhiculés à travers le symbole de la princesse. Comment oser être soi-même quand tout notre système nous pousse à rester dans des cases bien définies ? Comment accepter d’être différent et en changement constant ? Comment relier les différentes parties de nous-mêmes alors qu’elles viennent parfois de différentes cultures, dans différentes langues ?

(Citlali Germé-Trevino était en résidence au Cube du 4 au 7 janvier 2022.)

Mardi
4 janvier 2022

En cette première journée de résidence, nous avons découvert la scénographie qui habitera l’espace pour la suite du projet. Nous avons été ébahis par le travail de Gabrielle Bossé-Beal, la présence de ce tulle montagne-rivières-nuages est envoutante ! Ce décor est évocateur, mais est aussi mobile et devra bouger, nous avons alors réfléchi ensemble à beaucoup de détails techniques. Soulevé des besoins, des problèmes, beaucoup de questions auxquelles nous devrons répondre dans les prochaines semaines.

Cette première journée a aussi permis de réunir toute l’équipe du projet après un an à travailler un peu chacun de son bord. Ce fut de très belles retrouvailles, et malgré toutes les incertitudes, nous sommes heureux de commencer l’année en replongeant dans la création.

Pour la suite, nous reprendrons notre recherche autour du mouvement en lien avec le texte.

Jeudi
6 janvier 2022

On poursuit notre travail avec Andréanne en aller-retour entre le texte et le mouvement, on cherche le ton juste dans les deux, leur dialogue interne. Voir et entendre nos questions existentielles sans tomber dans le drama ou le psychologique. Aller plus loin dans la proposition contemporaine, à la fois foisonnante et épurée, pour le jeune public.

Parfois, j’écris mes chemins chorégraphiques, en voici un exemple :

Éveil, ça flotte, je flotte.

Arrêt 1 : tête. Préparation. Flotter vers debout.

2 pas. stop. Pied. Calculer.

Rewind au sol, centre. Pause

Debout centre. J’avance, ça flotte toujours.

Tomber. Comment ça bouge ? La mécanique

Attend

C’est dans ma tête

Arrêt

Sortir le cerveau

Le cerveau fait bouger tout le reste. Ça voyage.

Ça voyage partout

Main tête, main tête, passer au travers

Les étages, multiples

Cacophonie dans ma tête : Essayer de clarifier

Plonger, aller voir en arrière

Tableau noir. Chef d’orchestre.

Revenir au centre, de reculons.

C’est le souffle, les souffles ou la tête

Les liens

Attacher les liens.

Vendredi
7 janvier 2022

Nous nous sommes beaucoup questionnés sur la place du musicien qui est présent sur scène et qui incarne également un personnage. Hugo joue le personnage de Abuela (grand-mère) qui est comme une voix dans la tête du personnage principal, plus que ça, c’est une partie d’elle-même. On s’est demandé si cette voix devait être incarnée live ou bien enregistrée, comment faire pour comprendre qu’une partie de Chiquita (notre personnage principal) est une grand-mère mexicaine avec une voix d’homme ? Comment donner vie, caractère et nuances à ce personnage ?

Un autre de nos personnages, le Souffle (incarnation des forces extérieures qui nous poussent à rester dans des cases) est seulement présent grâce à la lumière et au son. Nous avons donc travaillé à bien spécifier son caractère, ses enjeux, son rôle dans notre dramaturgie, nos besoins sonores.

Beaucoup de réflexions donc autour de la musique, du son, son rôle dans l’histoire et son rapport à la danse.

Voici une musique d’inspiration :

Et voici le texte de la musique composée par Hugo Monroy pour la scène de la berceuse :

Escucha a l’Abuela (Écoute la grand-mère)
Ella te va a guiar (Elle va te guider)
A tu interior (Vers ton intérieur)
Baila y juega con el viento (Danse et joue avec le vent)
Dejate llevar a tu corazon (Laisse-toi aller à ton cœur)
Alli encontraras (Là tu trouveras)
Miles de estrellas (Des étoiles par millier)
Caminos por andar (Des chemins pour avancer)
En libertad (En liberté)

Nous avons fini la résidence en découpant notre belle scénographie, un tulle suspendu à un arc pivotant. C’est une prise de risque excitante et effrayante. Nous verrons à la prochaine résidence si ma vision d’avoir un tulle découpé en bandelette au travers duquel je peux danser fonctionne en vrai comme dans ma tête !