La stratégie du coucou - Résidence de Cécile Mouvet

PROGRAMME
INTERNATIONAL

Le coucou ne construit pas de nid, il utilise le nid des autres pour pondre. La femelle confie son œuf à la femelle d’une autre espèce, elle pond dans le nid d’accueil juste avant la couvaison et laisse son poussin aux hôtes qu’elle lui a choisi.

L’autrice Cécile Mouvet explore la sphère familiale comme lieu de la construction affective et identitaire de l’enfant. Elle a amorcé cette démarche à travers l’écriture de son texte « Étendre ses branches sur le monde » dont le personnage principal est le deuxième enfant d’une famille chinoise durant la politique de l’enfant unique. Ces enfants n’ayant pas d’existence officielle dans la société, ils sont condamnés à exister uniquement dans le cercle familial (qui prend une importance centrale pour eux). Avec son  projet « La stratégie du coucou », elle poursuit donc ce questionnement sur la famille comme incubateur de l’individu. Ici, l’enfant a plusieurs familles (d’accueil et biologique) et son monde se fragmente et s’invente complètement différemment.

Cécile Mouvet était en résidence d’écriture au Cube, en mai et juin 2019, grâce à un partenariat avec le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Centre international de recherche, de création et d’animation de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon.

Extrait

Scène 19 – Les cartes

On voit Sacha construire toute sortes de château avec des cartes complètement différents.

Sacha – La première fois que des gens ont joué avec des cartes, c’était il y a très longtemps.
Longtemps comme… Longtemps comme quand on dit vieux comme dinosaures.
Dans plein de pays, plein de gens d’âges différents jouent aux cartes.

Ici, on a un jeu qui s’appelle «Le jeux des 7 familles.». Le joueur qui a le plus de familles complètes gagne.
Quand tu commences la partie, tu sais jamais ce que tu vas recevoir comme cartes : tu fais avec, tu trouves des stratégies pour gagner, tu t’adaptes.
C’est ça qu’elle a dit la madame pendant la dernière rencontre: ça va prendre du temps pour que je m’adapte.

C’est compliqué mais je vais m’adapter.
C’est ça qu’ils ont tous dit : Sacha va s’adapter. Ça va bien aller.
Il y a d’autres jeux qui existent comme le bridge, la belote ou le wist.
Mais moi j’ai décidé : les cartes c’est pour construire des châteaux.
Des châteaux très haut pour voir les choses arriver.
Parfois mes châteaux ils ressemblent à des cabanes, je me glisse dedans pour m’abriter et c’est bien.
Parfois mon château il a des remparts pour se protéger.
Parfois mon château il s’effondre aussi, mais c’est pas grave : je peux toujours les reconstruire.

Je suis devenue une ex-per-te.

Bio

Cécile Mouvet est autrice de théâtre et metteure en scène. Elle enseigne également la pratique théâtrale et l’écriture auprès des enfants, des adultes et de publics sensibles.

Son parcours démarre au moment de l’obtention d’une Licence Lettres Modernes / Etudes Théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris). Son amour des livres la pousse à devenir libraire à la Librairie du Rond Point – Théâtre du Rond Point (Paris), et à se spécialiser dans le répertoire dramatique jeune public. Au détour de quelques pages de vie, elle rencontre Corinne Réquéna (Compagnie Miel de Lune) et Olivier Letellier (Théâtre du Phare) avec qui elle travaille en tant qu’assistante à la mise en scène puis collaboratrice artistique. Elle se forme au théâtre d’objets avec le Théâtre de Cuisine (Marseille) et, depuis, elle regarde sa cafetière et ses objets du quotidien d’un autre œil.

Enrichie de ces différentes pratiques et expériences elle met au point son enseignement de la pratique théâtrale à partir des techniques du théâtre-récit, du mouvement et de l’objet. Elle a écrit Étendre ses branches sur le monde qui a reçu le 5e Prix Annick Lansman.

Depuis, elle s’oriente sans boussole vers une vie d’écriture : « Je file mes mots pour tisser des histoires qui habillent le quotidien des plus jeunes comme des plus grands. J’aime mettre un peu d’imaginaire dans la flaque du réel, venir troubler nos repères et transformer ce qui nous semble lointain en une expérience subjective. »