LE CERCLE DE SENTINELLES - 2022

Interrogeant les diverses manières de concevoir et d’appréhender l’adresse aux publics d’enfants et d’adolescents, Le Cube souhaitait reprendre le dialogue entamé en 2021 avec des artistes francophones de partout au Canada en espérant nourrir et encourager le partage de réflexions sur les différentes pratiques à travers le pays. Le cercle des Sentinelles regroupait huit artistes francophones issu·e·s de divers milieux et qui partagent une envie de réfléchir à la manière de nommer les mondes de l’enfance et de l’adolescence et de s’en emparer afin de les rendre plus accessibles et inclusifs, tant au niveau des processus créatifs que de la représentation.

Le cercle des Sentinelles 2022 était animé par Joël Beddows qui travaille depuis 25 ans au développement dramaturgique, à la création de réseaux de diffusion et à la programmation d’œuvres issues d’horizons culturels multiples. Son parcours et ses réflexions sur l’inclusion ont su alimenter les discussions autour de la création enfance jeunesse.

PARTICIPANT·E·S : Laura Lussier, Lesly Velàsquez, Olivier Sylvestre, Valécia Pépin, Isabelle Payant, Dave Jenniss et Liliane Boucher.

Quel est l’apport de l’identité personnelle à la création ?

Nos démarches de création sont parfois autobiographiques. Sciemment ou possiblement inconsciemment, les artistes placent leur parcours personnel ou leur rapport intime à un sujet au cœur d’une démarche de création. Dans quelle mesure votre « je » nourrit-il vos projets ? Comment et avec quels objectifs ? Est-ce une posture qui traverse l’ensemble de votre œuvre, une partie ou pas du tout ?

Quel est l’apport de l’identité collective à la création ?

Les identités collectives sont multiples et leur importance peut varier selon les contextes d’énonciation. Quels sont les « nous » qui vous habitent comme artistes ? Est-ce que vos identités nationales, régionales ou même communautaires aident à définir les sujets que vous abordez ou les langages scéniques que vous proposez ? Est-ce que votre appartenance à une collectivité est importante pour assurer la réceptivité de vos œuvres ?

Le théâtre comme acte de cocréation

Selon certains, les divisions traditionnelles entre producteurs et récepteurs de sens s’effondrent de plus en plus au théâtre. Selon d’autres, elles ont toujours été floues, notamment dans le domaine des esthétiques jeunes publics. Quels sont les agencements d’un dialogue salle-scène qui définissent votre pratique ? Comment les artistes et leurs publics cocréent-ils aujourd’hui l’événement théâtral ? Comment le public touché est-il aujourd’hui invité à investir, voire à déterminer, les possibles des histoires contées ?

L’absence ou la simplicité sur scène

Le théâtre jeunes publics d’ici a longtemps résisté aux excès explicatifs, trop près des approches pédagogiques à la pratique. Or, comment arrive-t-on aujourd’hui à articuler les corollaires de ce « trop-plein » démonstratif ? Est-ce que la simplicité, l’absence, le non-dit, le silence ou la lenteur font partie de votre démarche ? Est-ce qu’il s’agit d’un moyen pour encourager le public à investir une œuvre en traçant son propre chemin dans une quête de sens ou d’émotion ? Est-ce une façon d’affirmer ou de travailler à la scène d’autres types de présences, de personnages ou d’idées?

Chargé de cours, directeur artistique et co-directeur général, il met aussi en scène une trentaine d’œuvres. Depuis 25 ans, que ce soit à la tête du département de théâtre de l’Université d’Ottawa, du Théâtre la Catapulte ou plus récemment du Théâtre français de Toronto, il travaille au développement dramaturgique, à la création de réseaux de diffusion, à la programmation d’œuvres issues d’horizons culturels multiples.